Présentée par Charlotte

Lou est une énigme, une littéraire, une femme de caractère, une passionnément engagée. C’est aussi cette grande amie d’adolescence. Nos chemins avaient dérivés depuis trop longtemps et se sont retrouvés sur le même carrefour d’idées, de questions existentielles et d’amour pour les possibles de la vie ! Dans « La Vie Verticale », elle aborde la souffrance sans détour, avec beaucoup de poésie et ouvre la voie de l’espoir.

Interview

Pour qui votre premier sourire de la journée ?

Pour mon compagnon, Quentin, avec qui je vis. (Apparemment à partir d’un certain âge ça fait bizarre de dire « mon copain ». Je veux bien qu’on en discute si vous avez un avis sur la question…)

Rat des villes ou rat des champs ?

Rat des villes, car je ne conduis pas et ne veux dépendre de personne pour mes déplacements.

Si vous regardez par la fenêtre que voyez-vous ?

L’aéroport de Birmingham la nuit.

Qu’est-ce qui rend votre ordinaire extraordinaire ?

Les gens. Ce qu’ils ont de meilleur et ce qu’ils font de pire.

Et même si c’est un poncif je ne peux pas ne pas le dire: la chance de ne manquer de rien et d’avoir la santé. Tous les jours, l’extraordinaire passe par ça avant tout, qu’on ait conscience ou non de faire partie de ce petit pourcentage de privilégiés.

Quelles activités (rémunérées ou pas) occupent votre quotidien ?

Lire (le plus possible), écrire (le mieux possible), échanger avec les gens sur les réseaux sociaux, ranger des livres à la bibliothèque et en trouver, mieux connaître mes collègues, classer, éplucher et cuisiner, m’inquiéter, réfléchir et dormir.

Réussissez-vous à vivre de vos passions ou à faire vivre vos passions ?

La deuxième option: je fais vivre mes passions grâce à mon travail à temps plein, qui me permet d’avoir la stabilité financière nécessaire pour mes projets d’écriture, que ce soit pour les écrire ou pour voyager avec eux. J’écris les soirs et les week-end, même si bien sûr j’aimerais avoir beaucoup plus de temps à y consacrer.

Le talent que vous aimeriez pouvoir amplifier ?

Aider les gens à aimer vivre.

La rencontre ou l’événement qui a tout changé ?

Mon burn-out, ou mon arrêt maladie. Cette immobilisation, dûe aux TOC et à la dépression, m’a amenée à tout remettre en question. Depuis, tout a été redéfini. En mille fois mieux.

La chose la plus extraordinaire que vous ayez accomplie ?

M’en être remise, justement, et ne m’être pas effondrée à nouveau à la mort de mon père, que j’aimais avec une force incomparable et qui me manque avec tellement de violence. Il était et est toujours dans tout ce que je suis.

La chose extraordinaire que vous rêvez de réaliser ?

Etre écrivaine. Peut-être même un jour pouvoir en vivre.

Chat, chien ou poisson rouge ?

Aucun, désolée, car je n’aime pas le principe d’ « avoir » des animaux. Mais si c’est hors de la catégorie « animaux domestiques » qui me vient immédiatement à l’esprit, alors poisson, rouge ou vert peu importe, car je suis pour toujours folle amoureuse de l’eau et de son contact.

Une personne extraordinaire que vous rêveriez de rencontrer ?

Virginie Despentes, écrivaine et cinéaste féministe française qui m’inspire depuis des années, et qui a donné une forme à ma colère. Pour sa force, son intelligence aigüe, son humilité. Même si bien sûr je serais certainement incapable de bafouiller trois mots sensés en face d’elle. C’est mon côté groupie.
Et aussi je rêverai de rencontrer la comédienne américaine Amy Poehler, dont j’admire sans aucune réserve le talent, l’humour et l’humanité.

Avec une baguette magique pour la planète, que faites-vous ?

Je fais que personne n’éprouve plus jamais l’envie de voter pour des gens comme Trump, pour des idées comme le Brexit ou pour des partis de droite et d’extrême-droite. Et si on me laisse ma baguette magique deux minutes, comme je suis ambitieuse, je valide pour l’éternité les acquis sociaux, pour qu’au moins jamais personne n’ait plus le moyen de les enlever.

La personne extraordinaire que vous aimeriez retrouver là-haut ?

Sans surprise, mon père.
Et aussi Grisélidis Réal et Boris Vian, ça ferait de sacrés discussions.

L’oeuvre qui nous parlerait un peu de vous (livre, chanson, musique, film, tableau, etc.) ?

La chanson « Monster » de Eminem et Rihanna.

Le lien sur lequel vous aimeriez nous faire cliquer ?

louisck.net

Qu’est-ce qui fait d’un rendez-vous un moment extraordinaire ?

Ce qui s’y dit et combien on fume.

Quel âge a votre âme ?

Pour toujours 14 ans. Ou alors c’est que j’ai 30 ans depuis cet âge-là.

Ce que vous aimeriez que l’on retienne de vous ?

Que j’ai vraiment essayé de faire de mon mieux. Et n’importe quoi qui relève de mes engagements, notamment féministes et humains.

Actualité et liens

J’ai deux blogs à mon actif, tous deux accessibles en anglais comme en français :
Mon prochain livre sortira courant 2017. Il s’agira d’un recueil de poésie intitulé « Ensemble », autour du thème de la famille. Enfin, je conseille à tout le monde de visiter le site des éditions publie.net qui font un travail extraordinaire et avec qui j’ai eu la chance de travailler pour mon premier roman, « La Vie verticale ».
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Note de la rédaction

Lou ne fait qu’évoquer son premier livre « La vie verticale », mais je souhaite lui donner la place qu’il mérite tant ce n’est pas juste un livre, mais bien un livre magistral comme l’écrit très bien Christophe Coret sur Mediapart.
Je trouve son écriture sensible, remarquablement vivante de puissance et de vérité, de fantaisie et de poésie, tout à la fois. Elle nous laisse entrer dans sa tête et, sans portes dérobées, dans la tête de la maladie jusqu’à nous catapulter dans un quotidien accaparent, obsédant et pourtant si plein d’espoir, car oui, il est possible d’en sortir.

Grand deux doutes. Petit un est-ce que le gaz est allumé ? Petit deux est-ce que le gaz est allumé mais je n’en vois pas les flammes ? Petit trois est-ce que le gaz est allumé et que les flammes ne me brûlent pas parce que mon esprit ne sent plus rien ? Petit quatre est-ce que j’ai utilisé un couteau ? Petit cinq est-ce que j’ai fermé le gaz ? Petit six est-ce que j’ai utilisé le gaz durant ces trois derniers jours ? Petit sept est-ce que je devrais demander à un spécialiste de venir vérifier la cuisinière ? Petit huit est-ce que je peux encore aller demander au voisin s’il veut bien venir vérifier le gaz, parce que ça ne fait que deux fois aujourd’hui que je demande à quelqu’un ? Petit neuf est-ce qu’un incendie a commencé sans que je ne le voie ? Petit dix est-ce que j’ai bien débranché toutes les prises ? Petit onze est-ce que j’ai écrit quelque chose d’insultant sur mon rapport d’analyse et mon chef va se suicider après l’avoir lu ?

Passage de témoin

Pour que l’histoire continue, à quelle personne extraordinaire aimeriez-vous passer le témoin et pourquoi ?

Je voudrais passer le témoin à Brigitte Allart, une personne vraiment extraordinaire que j’ai le bonheur de connaître car c’est la mère de mon compagnon. Elle est infirmière dans une résidence pour personnes âgées, et j’ai rarement vu quelqu’un avoir autant d’empathie et de respect pour les gens. Récemment, elle s’est énormément impliquée (et s’implique toujours) dans un projet magnifique qui s’appelle « La Dame à la cervelle en coeur » et que vous pouvez retrouver sur Facebook. Ce projet, écrit et mis en scène par Patrice Mizrahi, mettait les personnes âgées au centre de leur histoire, les laissait s’exprimer plutôt que de parler en leur nom. Voici la présentation du site : « Au centre de cette action : les interrogations éthiques et de postures face à la perte d’appui dans la réalité vécue par les personnes âgées dépendantes. »
Je suis convaincue que Brigitte change la vie de beaucoup de gens, et je crains qu’elle trouve ça tellement normal, d’être comme elle est, qu’elle ne se rende pas compte de son importance.

Fil rouge

Charlotte CrettenandLou Sarabadzic – Brigitte Allart