Présenté par Jean-Yves Revault
Didier fait partie de ces êtres que l’on n’oublie pas quand on les a rencontrés une fois. Il me vient de dire à son propos que sa présence est rassurante. Son calme, son regard bienveillant, sa capacité à faire de vous un être important… autant de belles et rares qualités qui le caractérisent. Sans parler de ses étonnants talents d’écrivain et d’homme de cœur engagé dans l’humanitaire…
Interview
Pour qui votre premier sourire de la journée ?
Pour Maeva, ma petite femme. Nous ne nous sommes pas quittés depuis 51 ans. Elle est ma lumière, elle est ma sérénité, elle m’apprend à vivre, elle me fait vivre.
Rat des villes ou rat des champs ?
Sûrement pas rat des villes. Rat des champs, malgré mes problèmes d’allergie aux pollens… Mais besoin de voir la nature, de sentir les arbres, de les caresser, de leur parler.
Si vous regardez par la fenêtre que voyez-vous ?
Des arbres magnifiques… Des cèdres centenaires, des « désespoirs du singe » (Araucaria) de plus de 150 ans, des tulipiers de Virginie gigantesques, des arbres admirables, qui imposent le respect et le silence.
Qu’est-ce qui rend votre ordinaire extraordinaire ?
Quoi que l’on fasse, tout faire main dans la main avec celle que l’on aime. Au propre comme au figuré. Un partage au quotidien, dans la joie comme dans la douleur, car la vie n’épargne personne.
Quelles activités (rémunérées ou pas) occupent votre quotidien ?
Libéré du professionnel « alimentaire », je partage mon temps entre l’écriture, la gestion d’une petite association que nous avons créée, Maeva et moi, voici 30 ans cette année et qui s’occupe de lépreux, d’enfants handicapés et de populations aborigènes, en Inde, et mes petits-enfants, que j’ai la chance de voir quasi-quotidiennement.
Réussissez-vous à vivre de vos passions ou à faire vivre vos passions ?
Etre écrivain, c’est – à de très rares exceptions près – ne pas vivre de sa passion. Quant à l’engagement humanitaire, il est forcément désintéressé.
Le talent que vous aimeriez pouvoir amplifier ?
C’est un non-talent, plutôt : mon incapacité à communiquer oralement. Une vraie catastrophe, un véritable handicap pour la promotion de mes livres, pour les faire connaître. En particulier pour mon roman Ce ne sont pas les mouettes qui vient de paraître chez ELLA Editions.
La rencontre ou l’événement qui a tout changé ?
Trois événements essentiels.
Notre rencontre avec Maeva, car sans elle je ne me serais jamais engagé dans certaines voies. Un événement majeur, puisque la première phrase du livre que je suis en train d’écrire Le Pierrot de Valdès est la suivante : « Je suis né le 18 Mars 1966, à l’âge de dix-sept ans, le jour où je t’ai rencontrée ».
Ma rencontre avec le pénitent de Sartène, au soir du catenacciu le 4 avril 1980, et mon engagement vers cette bouleversante procession pénitentielle, qui se poursuit chaque vendredi-saint depuis le moyen-âge, qui m’amènera à obtenir les témoignages de plusieurs pénitents et de les publier, en respectant leur anonymat dans mon livre Le Sang et la Lumière.
Ma rencontre, enfin, avec Sœur Yvonne, lors de notre premier voyage en Inde, avec Patrick Munoz, notre ami photographe, le 31 juillet 1984. Sœur Yvonne, à la léproserie d’Ahmedabad (Gujerat) y fêtait ce soir-là ses 91 ans. Je rencontrerai Sœur Yvonne, une dizaine de jours chaque année, les dix dernières années de sa vie (elle décèdera à 101 ans, après avoir passé 71 ans de sa vie en Inde auprès des populations les plus miséreuses) et ces rencontres resteront gravées à jamais et nous conduiront, Maeva et moi, à poursuivre, dans l’humanitaire, le magnifique engagement de Sœur Yvonne (cf. mon livre : Sœur Yvonne, Vendéenne d’Ahmedabad – ELLA Editions – 2014).
La chose la plus extraordinaire que vous ayez accomplie ?
Avoir pu, peut-être, créer avec Maeva l’association REGARDS ET ALLIANCE et maintenir cet engagement humanitaire depuis 30 ans. Ce qui est extraordinaire, c’est de penser qu’avec seulement 2.000€ on peut opérer tous les ans quatre ou cinq enfants lourdement handicapés et leur redonner vie, c’est-à-dire leur permettre de marcher, de se servir enfin de leurs jambes et parfois même de leurs bras et de leurs jambes.
La chose extraordinaire que vous rêvez de réaliser ?
Poursuivre encore nos combats au sein de REGARDS ET ALLIANCE au moins 30 ans encore… Mais il est vrai que j’aurai alors 99 ans et Maeva 101 ans !
Chat, chien ou poisson rouge ?
Chat, pour sa sérénité et pour son indépendance.
Une personne extraordinaire que vous rêveriez de rencontrer ?
Alexandre Jollien, écrivain et philosophe, né infirme moteur cérébral, à cause d’un étranglement par le cordon ombilical à la naissance. Un homme de cœur, offrant de vraies leçons de vie, toutes de courage, d’amour et de tolérance.
« Vivre, c’est souffrir et éclater de rire… » (Vivre sans pourquoi : Itinéraire spirituel d’un philosophe en Corée, Seuil-L’Iconoclaste, 2015)
Avec une baguette magique pour la planète, que faites-vous ?
Si la baguette est vraiment magique, je lui demanderai d’introniser le Petit Prince en qualité de conseiller unique de nos dirigeants… notre planète en aurait vraiment besoin : « Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part. »
La personne extraordinaire que vous aimeriez retrouver là-haut ?
Mes deux mères. Maman, que j’ai eu le malheur de perdre à l’âge de 24 ans : rupture d’anévrisme, elle avait 43 ans. Elle nous a donné des valeurs fondamentales, l’amour, la sensibilité, l’ouverture à la vie, mais aussi l’écologie et la bio presque avant l’heure et quelques clés vers l’ésotérisme pour tenter de comprendre un peu notre cheminement. Et puis Sœur Yvonne, ma mère spirituelle, qui me manque tellement.
L’oeuvre qui nous parlerait un peu de vous (livre, chanson, musique, film, tableau, etc.) ?
Un livre qui a été fondamental dans mon cheminement d’écriture : L’écume des jours, de Boris Vian.
Et pour ce qui me concerne, mes « Lettres d’Amour d’un Grand-Père à ses Petits-Enfants » (3 volumes à ce jour).
Le lien sur lequel vous aimeriez nous faire cliquer ?
L’association REGARDS ET ALLIANCE n’a pas de site propre, donc pas de lien. Il est toujours possible de me joindre sur mon adresse mail pour toute information souhaitée : giroudpiffozdidier@yahoo.fr
Qu’est-ce qui fait d’un rendez-vous un moment extraordinaire ?
Une vibration authentique, qui vous envahit et vous bouleverse.
Quel âge a votre âme ?
Je voudrais croire qu’elle n’a plus d’âge. Je suis convaincu que Maeva et moi avons vécu de nombreuses vies ensemble et que nos âmes vont l’amble depuis la nuit des temps.
Ce que vous aimeriez que l’on retienne de vous ?
J’aimerais que l’on retienne que, très modestement, Maeva et moi avons pu apporter un peu d’espoir, un peu de vie, un peu d’amour, à quelques enfants handicapés, à quelques lépreux, à quelques familles dans la détresse.
Actualité et liens
Mon adresse mail : giroudpiffozdidier@yahoo.fr
Passage de témoin
Pour que l’histoire continue, à quelle personne extraordinaire aimeriez-vous passer le témoin et pourquoi ?
Claire NAUDIN, viticultrice, œnologue, a repris le Domaine Naudin Ferrand (Bourgogne) en 1994. « Résolument adepte de la viticulture raisonnée, de la production intégrée, elle refuse la standardisation et préfère une approche artisanale de la viticulture durable, avec un interventionnisme minimal ». Claire est une femme sensible, passionnée, créatrice fabuleuse de vins d’exception, qui lui ont valu d’innombrables prix et le titre de Meilleure Vigneronne de l’Année à l’occasion de l’exposition Foodex 2014 au Japon.
Fil rouge
Nicolas Jeanmonod – Olivier Clerc – Jean-Yves Revault – Didier Giroud-Piffoz – Karine Giroud-Piffoz –
L’adage dit « Derrière chaque grand homme se cache une femme », c’est probablement ce qui caractérise notre invité de ce jour. Un chaleureux merci à lui pour son enthousiasme au concept de Rendez-vous extraordinaire.